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Intérieur d’auberge avec joyeuse réunion, (Bibliothèque nationale de France)
Julien Fortin dit Bellefontaine naît, le 9 février 1621, dans une modeste famille de la Sarthe, plus précisément à Saint-Cosme-en-Vairais, comme ses parents Marie Lavye et Julien Fortin. Dans la famille, deux sœurs et un frère le suivent. Ils deviennent orphelins de mère en 1628 ; Julien n’est alors âgé que de sept ans. Son père se remarie en 1630 avec Juliette Guillemin; ils ont huit enfants entre 1634 et 1648.
À l’adolescence, le jeune Julien apprend le métier de boucher que pratique son père, prénommé Julien comme lui. Dans la région, Robert Giffard, médecin originaire du village voisin de Mortagne-au-Perche, est bien connu pour ses aventures dans le Nouveau Monde. En 1634, Giffard parcourt les villages pour recruter des habitants pour l’aider à développer sa seigneurie de Beauport. L’auberge locale, le Cheval blanc, tenue par son oncle Mathurin Fortin, est l’endroit de prédilection de Giffard qui donne à Julien le goût de l’aventure.
Lorsque Giffard revient dans la région, vers avril 1650, plusieurs de ses compatriotes s’engagent : Simon et Marie Rocheron, Antoine Rouillard dit la Rivière, Claude Bouchard, le tailleur, Martin Boullard, Pierre Mauffray, Simon Lereau et notre jeune Julien Fortin. D’autres habitants de Saint-Cosme migreront à Québec en 1683.
On ignore le nom de la grand-mère paternelle de Julien. En revanche, on sait que son grand-père, Simon Fortin, a cinq enfants et que Julien est le quatrième. On sait aussi que Simon est inhumé à Saint-Cosme. Son grand-père maternel, Germain Lavye, est propriétaire de l’auberge du Cheval blanc depuis 1617. Germain décède en 1633 et Mathurin Fortin, oncle de Julien, reprend l’auberge.
Julien Fortin dit Bellefontaine, surnommé le Canadien, arrive à Québec en 1650. Sur la Côte-de-Beaupré, il participe avec plusieurs autres colons et les alliés, Algonquins et Hurons, à la guerre contre les Iroquois armés par les Anglais.
La danse aux noces. Pieter Breughel, le jeune, 1925. (Wikimédia)
En 1652, soit deux ans après son arrivée à Québec, Julien épouse une voisine, Geneviève Gamache, 15 ans plus jeune que lui. Geneviève est la sœur de Nicolas Gamache, seigneur de L’Islet. Le contrat de mariage prévoit une société d’acquêts. Sont témoins lors de la signature du contrat Nicolas Gamache, Claude Bouchard dit Petit Claude, Louis Gagné, Florent Buisson et Abel Benoît. On célèbre le mariage dans la chapelle du Cap-Tourmente et il est consigné dans les registres paroissiaux de Notre-Dame de Québec.
François Montmorency de Laval, premier évêque de Québec, Nouvelle-France (1659-1684). (Wikimédia, projet Gutenberg)
Le 23 août 1657, Julien Fortin achète de Lauzon un huitième de sa seigneurie pour la somme de 700 livres. Il la revend à monseigneur de Laval pour 750 livres, en février 1662. Julien est coseigneur durant une courte période d’environ cinq ans. Pendant ce temps, il reçoit une concession dans une autre partie de la seigneurie, au Petit cap de Saint-Joachim. On nomme cet endroit « coteau Fortin » en souvenir de la famille Fortin qui y a vécu pendant plusieurs générations.
Nous ne connaissons pas la date de décès de Julien Fortin. Le 18 juin 1689, il est présent comme parrain, au baptême de sa petite-fille Marie Gagnon. Moins d’un an plus tard, lors du mariage de sa fille Barbe avec Pierre Lessard, on le dit décédé. Âgée de 53 ans, Geneviève Gamache ne se remarie pas. Elle décède le 5 novembre 1709, à l’âge de 73 ans, chez son fils Charles établi à L’Islet.
L’Association Perche-Canada identifie plusieurs personnalités publiques descendant directement de Julien Fortin et de Geneviève Gamache. Parmi celles-ci, on trouve notamment les chanteuses Céline Dion, Ginette Reno, Madonna Louise Ciccone, Diane Tell, Fabienne Thibeault et Linda Lemay, le chanteur Justin Bieber, l’écrivain franco-américain Jack Kerouac, le cinéaste Xavier Dolan, l’acteur Ryan Gosling et le constitutionnaliste Stéphane Dion.
À gauche, Thomas Fortin, grand-père d’Edmour, vers 1910. (Collection du Musée de Charlevoix, Fonds 200 ans de villégiature)
Edmour Fortin, à l'instar de son grand-père Thomas Fortin, travaille comme guide de chasse et pêche et premier gardien de la réserve faunique des Laurentides. Enfant, Edmour aide souvent son grand-père et il accompagne William Hume Blake et surtout sa fille Helen J. Blake, plus tard mariée au Montréalais Philip Mackenzie.
Edmour désirant apprendre l’anglais, Helen Blake le prend à son service à Toronto. Lorsque la guerre éclate, il déclare à sa patronne qu’il ne veut pas être conscrit, mais plutôt s’engager volontairement. Il quitte Toronto pour Montréal où il entreprend des études en anglais, en mathématiques et en algèbre.
Edmour se démarque. Autodidacte, il est admis dans l’aviation en se classant 6e sur 50 aspirants. Il devient sergent de section-pilote de l’aviation canadienne durant la Deuxième Guerre. On l’affecte à une base à Londres d’où il effectue des sorties de bombardements. Durant son séjour, il est reçu à souper par le ministre plénipotentiaire du Canada, Vincent Massey, qui avait connu son père et son grand-père. Une autre fois, c’est le commandant d’un des dépôts de l’armée canadienne qui l’invite à sa table. Edmour et son père avaient accompagné celui-ci à la pêche dans le Parc des Laurentides.
Durant une sortie vers Berlin dans la nuit du 21 au 22 juillet 1942, le bombardier du sergent de section Edmour Fortin est frappé et s’abîme sur le sol. Il est porté « disparu, présumé tué ». On retrouve son cadavre, huit jours plus tard, sur les côtes des Pays-Bas.
Le boucher. Jean-Frédéric Wetzel, 1847. (Bibliothèque nationale de France, Collection Gallica)
Le père de Julien et Julien pratiquent le métier de boucher. Durant le Régime français, les bouchers sont peu nombreux. En 1666, à Québec, on en compte neuf pour une population de 550 habitants. Cinquante ans plus tard, on en dénombre encore moins : soit quatre pour 1 574 habitants. Il y a peu d’animaux d’élevage en Nouvelle-France avant le début des années 1700 ; les bœufs, les moutons, les porcs et les poulets sont importés de la France. Et aussi, les colons ont l’habitude de faire boucherie à la ferme sans recourir aux bouchers.
Au début du XVIIIe siècle, les colons possèdent généralement des porcs (base de leur alimentation), des moutons et de nombreuses bêtes à cornes qui servent servaient aussi comme bête de trait, une alternative moins dispendieuse que le cheval.
Dans Charlevoix, à la fin du XIXe siècle, le dindon devient très populaire. L’espèce la plus courante est de petite taille, ce qui la rend très populaire auprès des familles des estivants américains. L’engouement du « Murray Bay Turkey » est tel, qu’un marché d’exportation se développe en Nouvelle-Angleterre. La demande atteint des sommets dans les années 1910 puis s’estompe dans les années 1920. À l’occasion des jours fériés et des grandes fêtes religieuses, le boucher vend des produits transformés comme des pâtés à la viande, de la tête fromagée, du pain aux raisins et d’autres gâteaux.
Armoiries Fortin. (Association des Fortin d’Amérique)
Consignées dans le Registre public des armoiries, drapeaux et insignes du Canada, les armoiries Fortin se décrivent comme suit : « Divisé en chevron d’or sur gueules au chevron burelé-ondé d’azur et d’argent brochant, accompagné en chef d’un fortin de gueules accosté de deux écussons, celui à dextre du même à deux léopards d’or l’un sur l’autre, celui à senestre d’argent à trois étais de gueules, et, en pointe, d’une fleur de lis accostée d’une feuille d’érable et d’une étoile tigées, jointes sur une même branche, le tout d’argent ».
L’Association des Fortin explique ainsi la signification de ses armoiries : « L’armoirie de l’Association des Fortin d’Amérique est constituée d’éléments des armoiries de la Normandie et du Perche, régions ancestrales des Fortin. La forteresse est une référence au nom de Fortin et au mot fortin, signifiant un petit fort. Les ancêtres s’étant déplacés vers la Nouvelle-France, les vagues représentent la traversée de l’Atlantique effectuée par les ancêtres des Fortin vers la Nouvelle-France. La fleur de lis représente la France et le Québec français. La feuille d’érable rappelle la présence des Fortin au Canada et l’étoile leur présence aux États-Unis ».
Dès l’été 2025, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.