Capsules d'info

Introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

Origines


Vue de Paris, 1620. Merian, Matthäus, graveur. (Bibliothèque nationale de France, collection Gallica)

Le nom Gauthier serait d’origine allemande et proviendrait du mot waldhari — composé de wald/walden signifiant « gouverner » et hari pour « armée », selon l’Association des Gauthier d’Amérique. En Normandie, les bûcherons sont fréquemment surnommés Gauthier, gaut provenant du gaulois « forêt ».

Plus de 100 immigrants de familles différentes portent le patronyme Gauthier à l’époque de la Nouvelle-France. Les Gauthier de Charlevoix descendent de Bernard Gontier.

Né à Paris vers 1643 probablement dans la paroisse de Saint-Séverin, Bernard, fils de Jean Gonthier et de Marie Laye, fille de Guillaume Laye, maître raquettier-paumier, et de Marie Chapelain.

Jean et Marie ont au moins deux fils en plus de Bernard : Toussaint et Claude. Ce dernier exerce, comme leur père Jean, le métier de maître cordonnier. Puisque Claude exerce le même métier que son père, on pourrait déduire son rang d’aîné et de successeur de l’atelier paternel. Bernard, devant trouver son propre chemin, part pour la Nouvelle-France en 1663. À notre connaissance, deux des neuf navires français arrivés à Québec cette année-là sont des navires du roi.

En Nouvelle-France


  
Le siège de Québec, 1690. Québec. Ville de l'Amérique septentrionale dans la Nouvelle France [document cartographique] avec titre d'évêché située sur le fleuve de St. Laurent... (Bibliothèque et Archives Canada, ID 4137596)

L’été 1663 marque aussi le retour de monseigneur François de Laval à Québec. Est-il sur le même navire que Bernard Gontier? Difficile à dire ...
Monseigneur de Laval, seigneur de Beaupré, engage Bernard à la ferme du Cap-Tourmente. La ferme lui appartient depuis un certain temps, mais, selon L’auteur Fernand Gauthier, c’est Charles Aubert de La Chesnaye qui agit comme administrateur de la seigneurie et par le fait même procède à l’embauche de Bernard. Lors du recensement de 1666, Bernard, cordonnier, figure parmi les domestiques de la ferme.

Il aurait vraisemblablement été recruté et mobilisé pour les expéditions de l’automne 1666 contre les Iroquois. En 1669, soit au terme des trois ans de contrat d’engagé avec la seigneurie de Beaupré, Bernard est à Québec comme témoin au mariage de Pierre Ginat et de Catherine de la Haye. En 1670, il reçoit des jésuites une concession dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, en banlieue de Québec. Il vend sa terre en 1671, avec un profit de 250 livres, puis prend une nouvelle concession à Grondines.

 La goudronnerie de Baie-Saint-Paul
 

Goudronnerie industrielle en France, 1878. [Usine des goudrons de la Villette ...].(Bibliothèque nationale de France, collection Gallica)

Avant de quitter la Nouvelle-France, en novembre 1672, l’intendant Jean Talon cède à Pierre Dupré et Léonard Pitoin le site de Baie-Saint-Paul où des essais de goudronnerie ont eu lieu. Même si le site fait partie de la seigneurie de Beaupré, l’intendant utilise ses prérogatives pour céder un terrain aux deux entrepreneurs espérant ainsi assurer la pérennité de cette production industrielle essentielle aux propriétaires de bateaux et à la Marine royale. Bernard Gontier se joint à Dupré et Pitoin dans la goudronnerie. Comment a-t-il connu les entrepreneurs et pourquoi s’est-il joint à l’entreprise? Nous n’en savons rien.

En 1673, le gouverneur Frontenac, agissant à titre d’intendant depuis le départ de Talon, concède à chacun des trois associés une terre de trois arpents (175 m) sur une lieue (4,9 km) de profondeur, près de la rivière du Moulin, à Baie-Saint-Paul, à même les terres de la seigneurie de Beaupré, propriété de François de Laval. Ce dernier, se trouvant à Paris à ce moment et entretenant ses propres canaux de communication avec Québec, est informé de l’initiative de Frontenac sans pour autant l’apprécier.  Il attend l’arrivée du nouvel intendant avant d’aller plus loin dans cette affaire. Lorsque le nouvel intendant, Claude Duchesneau,  arrive en 1675, monseigneur de Laval fait valoir ses droits. Après trois ans de procès, Duchesneau, dont monseigneur avait appuyé la nomination pour le poste d’intendant, tranche contre le gouverneur Frontenac. Les trois associés de la goudronnerie sont expulsés de la seigneurie et François de Laval récupère les installations.

Marguerite Pasquier

En janvier 1676, Bernard Gontier épouse la pionnière et veuve Marguerite Pasquier. Née le 7 avril 1645 à Poitiers, Marguerite est baptisée dans l’église de la paroisse Saint-Paul   , où ses parents viennent d’emménager en provenance du centre-ville de Poitiers (paroisse Saint-Hilaire-de-la-Celle). Son père, Emery Pasquier, pratique le métier de sargetier; il travaille la serge, la laine et autres tissus. Marguerite arrive à Québec en 1667 avec son père et ses frères, Maurice et René. En 1670, elle y épouse François Biville dit le Picard qui décède en 1675.
Marguerite et Bernard ont trois enfants dont l’aînée, Catherine, épouse Jacques Fortin, un des fondateurs de Petite-Rivière-Saint-François. Le recensement de 1681 confirme la présence de Bernard Gontier dans la seigneurie de Beaumont avec Marguerite et quatre enfants âgés de trois à dix ans. À ce moment, la famille compte deux enfants en plus des trois du premier mariage de Marguerite.

Françoise Forgues

Marguerite Pasquier décède à Beaumont vers 1697. Bernard s’y remarie en novembre 1698 avec Françoise Forgues, fille de ses voisins Jean-Pierre Forgues et Marie Robineau. Françoise, de 36 ans sa cadette, lui donne deux fils qui décèdent sans laisser de descendance.

Louis Gontier

Louis, fils de Bernard et de Marguerite né le 27 février 1679, ne semble pas craintif d’être montré du doigt à cause des déboires de son père dans l’aventure de la goudronnerie. À ce sujet, il semble que la réputation de Dupré et Pitoin ait été davantage entachée que celle de Bernard. Louis s’établit à Petite-Rivière-Saint-François, probablement attiré par sa demi-sœur, Catherine Biville, dont il parraine la fille le 13 avril 1698. Il se trouve donc à Petite-Rivière à ce moment et y a peut-être passé l’hiver. Louis y rencontre Geneviève Gagné qu’il épouse le 13 avril 1706. Surprise, le 19 mai suivant, un petit garçon vient au monde. Au cours des 20 années qui suivent naissent dix autres enfants, tous établis dans Charlevoix.

Décès

Bernard Gontier décède sur sa terre de Beaumont, à l’âge de 73 ans, le 13 janvier 1716.

Vers Les Éboulements

Le 15 juin 1709, lors de la naissance de leur fils Pierre, Louis Gontier et Geneviève Gagné habitent déjà dans la seigneurie des Éboulements. On ne retrouve aucun acte de concession de la part des frères Lessard, alors propriétaires de la seigneurie qu’il se préparaient à vendre à Pierre Tremblay de Baie-Saint-Paul.

Les surnoms 

Il a toujours été de bonne guerre dans Charlevoix d’ajouter des surnoms aux habitants des différents villages. Dans les villes, en Amérique du Nord en tous cas, cette pratique a parfois inspiré le choix des noms d’équipes de sport, par exemple au hockey, les Canadiens de Montréal. Dans Charlevoix, si vous entendez parler d’un Capelan, c’est un habitant de Saint-Irénée. Une Anguille vient de Petite-Rivière-Saint-François; un Loup, de Baie-Saint-Paul; un Marsouin, de L'Isle-aux-Coudres; un Codinde, de La Malbaie et un Bas-bleu, de Saint-Fidèle.

L’Anse au Sac


 Poste rurale, 1910. (Bibliothèque et Archives Canada, 3383544)

L’Anse-au-Sac, située à l’extrémité ouest du village de Saint-Irénée, tient son nom du mode de livraison du courrier avant l'arrivée du train. À cet endroit, l’eau est assez profonde pour permettre à un bateau de s’approcher très près du rivage. On raconte que le préposé du bateau postal en profite pour éviter de mettre pied à terre et gagner du temps. Il s’approche le plus possible et lance les sacs de poste sur le rivage où le postier local les récupère.

Maître cordonnier

Le cordonnier et ses outils. Jean-Frédéric Wentzel, 1847. (Bibliothèque nationale de France)

Le cordonnier fabrique et répare tous les types de chaussures et de bottes. Par nécessité, il fabrique aussi d’autres articles de cuir. Dans l’ère préindustrielle, tout se fabrique à la main, de la semelle jusqu’à l’empeigne de la chaussure. Le cordonnier est aussi tailleur, monteur, couturier et polisseur. Le cordonnier s’approvisionne en matière première chez le boucher ou auprès des fermiers qui font eux-mêmes boucherie. Même si, généralement, toutes les peaux peuvent servir, seulement les cuirs les plus épais font de bonnes chaussures — les cuirs faits à partir des peaux de bovins adultes.

Dans les villes, la maison du cordonnier est semblable à celle des autres artisans. Généralement trop pauvre pour posséder sa propre maison, le cordonnier loue le rez-de-chaussée et un autre locataire occupe les étages supérieurs. Le cordonnier loge sa famille dans un petit espace où il exerce également son métier, seul ou avec un apprenti.

Au XVIIIe siècle, la production des cordonniers s’oriente principalement vers les chaussures à la française, au bout rond. Le cordonnier mesure les pieds du client et choisit les formes et patrons désirés. Ses outils comprennent marteaux, pinces, chevilles de bois et d’acier, couteaux et pierre à aiguiser. Il doit conserver sous la main du fil de lin, un morceau de brai pour cirer le fil, des soies de cochon pour raidir les extrémités du ligneul, des alènes, des morceaux de vitre, du papier sablé, des pots de colle et de vernis, un morceau de bois pour polir, etc. Le cordonnier utilise un seau d'eau pour tremper le cuir de la semelle. Il fixe la forme de la chaussure (en bois ou en fer) sur un poteau et une courroie passe sous son pied pour maintenir la chaussure sur son genou.

Après la coupe des semelles, des talons et des renforts viennent la taille des empeignes et finalement l’assemblage des différents morceaux. Les semelles demandent une attention particulière pour assurer le confort et la durabilité des chaussures. Certains cordonniers vendent leurs chaussures à des marchands, mais la majorité vendent leurs propres chaussures dans leur atelier. Quelques-uns font du porte-à-porte; les cordonniers itinérants sont populaires, car plusieurs ont la réputation d'être de bons raconteurs.

Armoiries

Blason des Gauthier d’Amérique.

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.