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Vue de Blois, vers 1657. Matthäus Merian 1593–1650) (Topographia Galliae)
Selon plusieurs auteurs, le nom Hervé doit sa popularité à l’abbé breton Saint-Hervé (~530-568). Son nom regroupe les mots anciens haer, au combat, et viu, digne; digne au combat. Le nom s’implante dans plusieurs régions et devient Hervet dans l’Orléannais, écrit Hervé en Nouvelle-France.
En remontant dans le temps, on retrouve comme ancêtres Gabriel Hervet, né en 1568, et son épouse Renée Dierse, née en 1575. La famille de Renée compte plusieurs commerçants prospères à Blois. Gabriel pratique le métier de potier d’étain dans la commune de Mer, aux alentours de Blois, où un important temple calviniste est érigé après les guerres de religion. Le fils de Gabriel et de Renée, prénommé Gabriel comme son père, naît en 1596. Élevé à Mer, il exerce lui aussi le métier de potier d’étain. Il travaille dans l’atelier de son père avec son frère Sébastien. Considérant les règles de la corporation des potiers d’étain à cette époque, la famille Hervet doit être aisée.
En 1628, Gabriel, fils, épouse Marguerite Lorillau, originaire de Blois comme Gabriel. Antoine Lorillau, le père de Marguerite, alors âgée de 17 ans, décède peu avant le mariage. Antoine pratique le métier de marchand voiturier par eau ou navigateur fluvial. En 1630, Gabriel, fils, et Marguerite déménagent de Mer vers Blois. Gabriel, père, et les autres membres de la famille s’établissent également à Blois dans la paroisse Saint-Martin, devenu la rue des Orfèvres.
Le 28 juin 1642, naît Sébastien, sixième des neuf enfants de Marguerite et de Gabriel. Après le décès de Marguerite, en 1650, Gabriel se remarie avec Marguerite Delorme qui a 34 ans de moins que lui. Ils ont trois enfants dont seulement deux survivent. Renée, l’aînée des enfants survivants, épouse le tanneur Hippolyte Thibierge.
Sébastien est instruit. Dans l’atelier familial, Il franchit toutes les étapes avant de devenir maître potier d’étain. Il prend la relève de son père, car son frère aîné choisit d’exercer le métier de tanneur. Gabriel, fils, père de Sébastien, décède en 1660. Sébastien n’a que 18 ans et son beau-frère Thibierge agit à titre de subrogé tuteur, veillant aux intérêts de ses beaux-frères et belles-sœurs mineurs. Cette même année, la famille royale abandonne le château de Blois, ce qui n’aide en rien les artisans de la ville.
Château de Cheverny, près de la terre dont hérite Sébastien Hervet, 2005. (Wikimédia, photo : Christophe Finot)
Renée et son mari partent pour la Nouvelle-France en 1662. À la fin de 1665, Sébastien il est possible que Sébastien se soit engagé dans l’armée pour aller servir dans la colonie, ce qui implique un départ au printemps 1666. Son frère Gabriel rejoint Renée en 1666.
Les informations touchant la brève carrière militaire de Sébastien se sont perdues. Il serait allé dans le cantonnement de l’île Royale (du Cap Breton) avec le capitaine Michel de la Potherie. Sébastien termine son service militaire en 1667 et il est de retour à Blois durant l’automne 1667. La première présence attestée de Sébastien en Nouvelle-France remonte à octobre 1671. Où est-il entre l’hiver 1667 et l’automne 1671?
Plan de Montréal, première place publique, vers 1675. (Archives des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal)
Arrivé à Québec à 28 ans, Sébastien se dirige vers Montréal pour chercher fortune. Il y apparaît en 1673 comme censitaire de Charles Aubert de la Chesnaye, seigneur de Repentigny. Sa terre est en face de la Pointe-aux-Trembles de Montréal. Il vend cette terre en 1674, mais demeure dans la région en louant des terres ailleurs. Le 21 décembre 1675, Gabriel, frère de Sébastien, est assassiné à l’île d’Orléans; on retrouve son corps dans la neige. Il s’agirait d’une histoire de mœurs, Gabriel, 39 ans et toujours célibataire, ayant mené une vie dissolue. Sébastien hérite de la terre que son frère possédait à l’île d’Orléans.
Traite des fourrures avec les Autochtones, 1777. William Faden. (Bibliothèque et Archives Canada)
En 1676, Sébastien obtient une nouvelle concession dans la seigneurie de la Chesnaye à Repentigny. Puis, il serait disparu dans les pays « d’en-haut » pour faire la traite des fourrures. Ses activités de traite le rapprochent des grands marchands de Québec, dont Aubert de la Chesnaye, François Hazeur et Charles Bazire, le beau-frère de Philippe Gaultier de Comporté, commis des magasins du roi et premier prévôt de la maréchaussée de Québec. Le sieur de Comporté est également seigneur de La Malbaie à ce moment.
Les activités de traite mettent aussi Sébastien Hervet dans une position délicate lorsqu’il prête de l’argent à Robert Cavelier de Lasalle, protégé de Frontenac. Heureusement, Philippe Gaultier et François Hazeur sont appréciés du gouverneur Frontenac. En 1680, incapable de vendre sa terre de Repentigny, Sébastien l’échange contre une terre sur la côte Saint-Joseph à Montréal.
Durant son séjour à Montréal, Sébastien se lie d’amitié avec Jean Sébille dit Briseval, futur beau-frère de François Hazeur. En 1681, il utilise un « congé de traite » pour retourner aux Grands-Lacs chercher des fourrures. À son retour à Montréal, en 1682, Sébastien vend sa terre de la Côte Saint-Joseph et loue, pour trois ans, une auberge sur la rue Saint-Paul. Il développe son réseau de contacts dans le monde du commerce et rencontre, notamment, Jean Hazeur, frère de François. À la fin de l’année 1687, Sébastien se départit de ses propriétés de Montréal et on le retrouve à Québec au début de 1688.
Danse de noce, Pieter Breughel, le jeune, 1620. (Patrimoine et Musées Narbonne)
À 46 ans, Sébastien Hervet épouse la veuve Françoise Philippeau, âgée de 25 ans. Françoise est alors mère de deux jeunes filles issues de son mariage avec François Marien, qu’elle avait épousé à l’âge de 13 ans, en 1676. Françoise a son premier enfant à l’âge de 14 ans.
Née à Ars-en-Ré (Charente-Maritime), Françoise est la fille de Claude Philippeau et de Jeanne Énard, arrivés à Québec en 1667 avec leurs trois filles.
Sébastien Hervet et Françoise Philippeau ont cinq enfants. Le premier fils décède à 22 mois et le benjamin se noie entre Lévis et Québec; on retrouve son corps sur les battures de l’île d’Orléans. Un seul fils, prénommé Sébastien comme son père, assure la transmission du patronyme. Leur fille Renée épouse un sergent des troupes de la Marine dénommé Lafleur et issu d’une famille huguenote financièrement indépendante. Ils ont neuf enfants.
Flûte française de transport de marchandises. Henri Sbonski de Passebon vers 1690. (Wikimedia)
Alors qu’à l’exception des administrateurs de la colonie, de certains ecclésiastiques et de marchands, peu de colons ont les moyens de retourner en France, Sébastien Hervet fait plusieurs voyages. D’abord, lors de son service militaire et, à deux reprises, après son mariage avec Françoise.
Le premier de ces deux voyages date de l’hiver 1700-1701. Il pourrait s’y être rendu pour négocier des fourrures au nom de la Compagnie de la colonie, dont Sébastien est non seulement actionnaire, mais aussi sergent d’armes. La deuxième traversée, au printemps 1708, concerne sa part de l’héritage d’une nièce récemment décédée. Malgré la distance et la lenteur des communications, il semble que Sébastien ait gardé le contact avec ses sœurs et leurs familles pendant toutes ces années. Astucieux en affaires, Sébastien a fort probablement les moyens de se permettre ces voyages qui, par nécessité, duraient plusieurs mois.
Le négociant, 1747. Jean-Baptiste Descamps et Jacques-Philippe Le Bas. (Bibliothèque nationale de France, Collection Gallica)
Le fils de Sébastien, deuxième du nom, a comme marraine, en 1695, Angélique Gautier, laquelle se trouve sous tutelle de François Hazeur depuis la mort de ses parents durant une épidémie à l’automne 1687. En 1696, année suivant le baptême, Angélique épouse Denis Riverin, un important marchand de Québec, allié d’Hazeur et ami de Sébastien Hervet, père. L’instruction du petit Sébastien est confiée au Séminaire de Québec où il fréquente les enfants des notables de Québec, exposant ses enfants à ce milieu.
Durant l’été 1712, à l’âge de 17 ans, le jeune Sébastien travaille à Baie-Saint-Paul pour le séminaire. Il effectue divers travaux sur la ferme Saint-Aubin et même à L’Isle-aux-Coudres. Il travaille plusieurs années à Baie-Saint-Paul, et il y hiverne sporadiquement.
À Baie-Saint-Paul, Sébastien, fils, se lie d’amitié avec plusieurs personnes, dont François-Xavier Tremblay, les frères Laforest dit Labranche, Étienne Desbiens, Joseph Savard, etc. : des personnes-clés dans l’histoire du développement de Charlevoix!
Sébastien épouse Rosalie Tremblay, sœur de François-Xavier, le 17 novembre 1722 à Petite-Rivière-Saint-François. Le couple s’établit sur L’Isle-aux-Coudres à côté de chez François-Xavier. Sébastien suit les traces de son père et saisit toutes les occasions d’affaires qui s’offrent à lui souvent en y associant ses beaux-frères.
Vue à vol d’oiseau de l’Hôtel-Dieu de Québec. (BAnQ, Eugen Haberer, L’Opinion publique, 1877)
La santé de Sébastien se détériore au début de la cinquantaine et il fait quelques séjours à l’hôpital. Il est admis à l’Hôtel-Dieu de Québec en septembre 1713 et il y décède le 15 avril 1714 à l’âge de 72 ans. Sébastien est inhumé dans le cimetière des pauvres de l’Hôtel-Dieu, comme sa sœur Renée avant lui. Des personnes de tous les milieux pouvaient formuler de telles demandes à cette époque.
Lucien Harvey (1915-2008), fils de Dorville et descendant du marchand Pierre Harvey, est propriétaire des Breuvages Harvey et embouteilleur de Coke. Il épouse Claire Boivin de Chicoutimi qui le surnomme « Daddy ». Golfeur, il est connu pour payer la traite à ses caddies lors de la pause au neuvième trou…, mais ils devaient prendre du Coke ou un breuvage Harvey! Son surnom au golf était « Sweet Daddy ». Maire de La Malbaie de 1970 à 1986, Lucien Harvey était un pince-sans-rire et aimait raconter des histoires.
Jean-Charles Harvey, 1962. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P833,S2,D2534, photo, Yves Beauchamp, Fonds La Presse)
Jean-Charles Harvey est un journaliste né à La Malbaie en 1891. Il fait ses études au Séminaire de Chicoutimi (1905-1908) et au scolasticat des Jésuites (1908-1915) près de Montréal où il reçoit son baccalauréat ès art.
Il travaille d’abord à Montréal pour La Patrie, puis, La Presse et écrit des romans. En 1922, il se joint au journal Le Soleil et devient rédacteur en chef. Ardent défenseur de l’instruction et visionnaire, il figure parmi les grands journalistes du Québec. Il décède à Montréal en 1967.
Jeanne Sauvé, gouverneure générale du Canada, avec Normand Harvey et Dominique Lajeunesse, 1989. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, photo : Pierre McCann)
Normand Harvey, journaliste et animateur de nouvelles à Radio-Canada, naît en 1940 à Saint-Irénée. Il est le fils d’Alphonse Harvey et d’Annette Harvey. Normand décède à Montréal, prématurément, à l’âge de 57 ans d’une leucémie. Il est enterré dans le cimetière de La Malbaie.
Dès l’été 2025, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.