Capsules d'info

Introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

Origines

 

Plusieurs Warren immigrent au Canada, mais un seul s’intègre à la société canadienne-française : l’Écossais John Warren, militaire de l’armée britannique ayant combattu lors de la guerre d’indépendance des États-Unis (1775-1782). Originaires des rives de l’estuaire de la rivière Forth, à environ 32 km à l’ouest d’Édimbourg, ces Warren, artisans, militaires et aventuriers, ne vivent pas de la terre. John Warren, né le 15 novembre 1758 à Blackness, est baptisé deux semaines plus tard à l’église de la paroisse Carriden, qui inclut Blackness. Il n’est donc pas possible qu’il ait combattu lors de la Conquête. 

 

Carrière militaire

Religieuses tricotant pour les soldats du Highland Guard au General Hospital. (Bibliothèque et Archives Canada, John H. Macnaughton collection)

Selon le chercheur Louis Pelletier, ayant étudié la carrière militaire de John et ses relations avec les deux seigneurs de La Malbaie, l’un d’eux, Malcom Fraser recrute Warren dans l’armée au début de septembre 1775 lors d’une tournée dans les provinces maritimes. John participe à la défense de Québec lors de la tentative des Américains de prendre la ville le jour de la Saint-Sylvestre 1775. Après ces événements, Fraser est responsable de la paye du 84e régiment stationné à Québec, dont Warren fait partie. 

Entre le 23 décembre 1781 et son licenciement le 29 mai 1783, John Warren est en congé sans solde (17 mois). Les archives militaires indiquent qu’il est en Angleterre durant l’hiver 1782-1783 et y est toujours lors de son licenciement. Il s’absente pendant au moins six mois. Entre son licenciement et l’apparition de John dans un acte notarié à Baie-Saint-Paul en mars 1789, nous ne savons pas à quoi il s’emploie. Considérant qu’il signe l’acte notarié à titre de témoin, il faut envisager la possibilité que John Warren soit à Baie-Saint-Paul depuis déjà quelque temps.

Mariage

Lors des mariages écossais, les âges mentionnés sont souvent arrondis. Le registre indique que John est âgé d’environ 45 ans alors qu’il en a 43 lors de son mariage avec Monique Clesse en 1801. Monique, 12 ans plus jeune que John, naît à Québec. Elle habite Baie-Saint-Paul depuis que son père s’y est établi pour pratiquer le métier de forgeron. Elle est âgée d’environ six ans lorsque sa famille arrive à Baie-Saint-Paul.  Son grand-père paternel, originaire de la région de Nancy (Meurthe-et-Moselle), plus précisément de la paroisse de Saint-Blaise dans l’ancien évêché de Toul, arrive dans la colonie vers la fin des années 1720.

Monique et John vivent ensemble vers 1794, soit environ sept ans avant leur mariage, et ils ont deux filles : Marie et Hélène. Il semble que les naissances hors mariage aient été fréquentes chez les Écossais. Les deux petites ne sont pas baptisées et c’est probablement ce qui explique le choix de l’église presbytérienne pour le mariage. Les huit enfants nés après le mariage sont baptisés à l’église catholique.

Hubert Warren

Hubert Warren, fils de Jean et Félicité Imbault et petit-fils de John et Monique Clesse, exerce le métier de maître-charpentier ou de navigateur selon les différents actes qui le concernent. Son père aurait construit des goélettes. On présente souvent Hubert, artisan en charpentes, maçonnerie et menuiserie, comme entrepreneur en construction. On lui attribue la construction de la chapelle protestante de Pointe-au-Pic, inaugurée en 1867. Il s’agit d’un bâtiment patrimonial d’intérêt.

Georges Warren

Le Chamard's Lorne House, Pointe-au-Pic, vers 1880. (Fonds 200 ans de villégiature, Archives Musée de Charlevoix)

Georges, fils de George et de Catherine Simard, naît en 1845 à Baie-Saint-Paul. Il figure parmi les premiers hôteliers de La Malbaie, avec son Riverside House, situé près du quai de Pointe-au-Pic.  La veuve d’Abraham Lincoln serait venue s’y reposer en 1873 alors que l’établissement était loué depuis un an à Jean-Olivier Chamard, marchand de grains de Montréal à la recherche d’un changement de vie. En 1872, Chamard loue le Riverside House pour créer son propre hôtel, le Chamard’s Lorne House. En 1878, Chamard bâtit un nouvel hôtel au-dessus de la falaise, près du site de l’actuel Manoir Richelieu, et le vend, en 1898, à la Richelieu and Ontario Company qui construit un nouvel hôtel, le Manoir Richelieu. Chamard se construit un nouvel établissement en face du club de golf de Murray Bay en 1901.

Roger Warren

Roger Warren, troisième enfant d’Eugène et de sa deuxième épouse, Lucienne Lavoie, descend de Jean, fils de John et de Monique. Roger est de la cinquième génération de Warren à Pointe-au-Pic. Officier de l’Ordre du Canada en 2001, sa carrière est alors ainsi résumée :

« Président du conseil de la société Rousseau Sauvé Warren Inc., il est un des grands experts de la technique du harnachement, du transport à haute tension et de la distribution de l’énergie hydroélectrique. Par son savoir-faire, cet ingénieur a marqué de grands aménagements hydroélectriques au Canada et à l’étranger et s’est acquis une réputation internationale. Il se distingue également pour son engagement bénévole auprès de nombreux organismes, principalement dans la région de son lieu natal, Charlevoix. On lui doit aussi la mise en place d’une bourse d’études permanentes à l’École Polytechnique de Montréal. »

Dans Charlevoix, il s’implique bénévolement au Centre hospitalier de La Malbaie, à l’Association bénévole de Charlevoix, au Musée de Charlevoix et au Domaine Forget. Il appuie la publication de 200 ans de villégiature dans Charlevoix et Histoire de Charlevoix aux Presses de l’Université Laval et y contribue personnellement. De 1995 à 1998, il siège au Conseil national de développement économique des Autochtones.

Élie Maltais

Née en 1853, Lumina Warren, fille de Jean et de Félicité Imbault, épouse, en 1875, Élie Maltais. Elle décède en août 1885, à l’âge de 34 ans, et, un an plus tard, Élie épouse Démerise Warren,  fille du frère de Lumina, Georges Warren, et de sa belle-sœur, Cédulie Tremblay. Élie Maltais occupe le poste de shérif du district judiciaire de Saguenay, dont l’administration est à La Malbaie. Il siège, pendant plusieurs années, au conseil de la municipalité de la paroisse Saint-Étienne-de-la Malbaie, à titre de conseiller (20 ans) et de maire (13 ans).

Décès

Parce que John Warren est presbytérien et qu’il n’existe aucune paroisse de cette confession à La Malbaie, on  ne trouve pas de trace documentaire de son décès.  Dans la famille, on raconte qu’il décède subitement, « d’un coup de sang », en automne. En triangulant cette information avec les informations confirmant sa présence à certains événements familiaux, on déduit que son décès survient durant l’automne 1823, dans sa maison de Pointe-au-Pic. 

Cordonnier

Le cordonnier et ses outils, 1847, Wentzel, Jean-Frédéric (1807-1869). (Bibliothèque nationale de France)

John Warren exerce le métier de cordonnier. On dit que le mot « cordonnier » vient de Cordoue, en Espagne, où l’on fabriquait un cuir de bouc ou de chèvre nommé « cordouan ».  Philippe de Valois émet, au XIVe siècle, une ordonnance royale relative à ce métier et il désigne ces artisans « cordouanniers ». Leur confrérie remonte au temps du roi Charles V le Sage (1364-1380) et saint Crépin est leur patron. En France, la corporation des cordonniers se situait, dans l’échelle des corporations, bien avant celle des peintres et des sculpteurs-imagiers. Ayant reçu le privilège d’être établie à Notre-Darne, elle fut chargée de « donner l’exemple » aux autres corporations d’artisans.

La fabrication de souliers artisanaux cesse dans les campagnes après la Deuxième Guerre. Avant l’apparition des souliers fabriqués en usine, chaque village avait un cordonnier qui fabriquait des souliers à partir du cuir de vache tanné localement. Le cordonnier devait d’abord prendre les mesures des pieds du client et découper la peau de cuir selon un modèle et à l’aide d’un tranchet ou d’un couteau. Puis, il cousait les morceaux de cuir ensemble ; il était parfois nécessaire d’affiner le cuir avec un ébourroir avant de pouvoir le coudre. Le cordonnier cousait la semelle à l’aide du pied de cordonnier. Une fois que la chaussure avait pris forme, il fixait les fermetures et terminait en cirant le cuir pour lui donner un aspect brillant.

 

Navigateur

 Légende : Chargement d’une goélette à marée basse, La Malbaie, vers 1895. (Musée McCord, William Hagggerty, Wm Norman & Son)

Le havre de la pointe au Pic se développe durant le régime français. Les inventaires de la seigneurie de La Malbaie indiquent qu’il y a un hangar à cet endroit depuis au moins 1733. Un quai en eau profonde s’y bâtit en 1853, au coût de 87 500 $. Avant 1853, et durant quelque 90 ans après, pour transborder leur marchandise à marée basse, les goélettes à faible tirant d’eau pénètrent jusqu’aux bancs de sable entre l’embouchure de la rivière Mailloux et l’emplacement actuel du quai Casgrain. Plusieurs goélettes, appartenant à des marchands différents, peuvent se trouver en même temps le long du littoral. Le marchand Hubert Cimon possède ses propres avec entrepôts, sur la rive gauche de la rivière Malbaie, tout juste en aval du pont qui existe depuis 1818.

Armoiries

Armoiries de l'Association des descendants de John Warren. (Louis Pelletier, La seigneurie de Mount Murray; autour de La Malbaie; 1760–1860, éditions du Septentrion, 2008)

Les armoiries de l’Association des descendants de John Warren s’inspirent de l’histoire de l’ancêtre. Elles évoquent la double destinée de John qui vint d’Écosse, s’établit en terre québécoise et devint artisan après avoir servi dans l’armée britannique, lors de la guerre d’indépendance américaine.

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2025, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.